dans le sud du rouergue au tournant du siècle


registre matricule









Extrait du registre matricule.
A côté de l'état civil,
on a noté le signalement
et le degré d'instruction.









"La maison que j'habite avec mes parents est située à Laussédat. Ce sont mes aïeux qui l'on faite bâtir. C'est là que je suis né le 21 juillet 1892.
Mes parents sont cultivateurs; moi aussi je veux être cultivateur. (...) J'aime notre maison et nos champs. Quand je serais grand j'aurais un beau jardin à côté de ma maison. (...) Je veux une maison confortable, belle, agréable pour que mes parents puissent y passer paisiblement leur vieillesse, moi ma jeunesse et aussi mes derniers jours. (...)
Nos terres labourables sont cultivées en blé, avoine, fèves, maïs, pommes de terre, haricots. Nous avons reconstitué nos vignes, nous avons greffé sur plant américain, et cette année 1904 la récolte a été fort belle.
Nos bois sont sur les côteaux; ils sont bien fournis et précieux, non seulement pour le bois de chauffage qu'il nous donne, mais aussi comme pacage pour nos bêtes à laine. Les prairies sont dans les bas-fonds sur le bord des cours d'eau. (...) Nous avons aussi des prairies artificielles : trèfle, luzerne, sainfoin. Notre propriété produit un peu de tout. Nous avons beaucoup d'arbres fruitiers en plein vent : pommiers, poiriers, pruniers, cerisiers et pêchés. (...)
Je travaille déjà avec mes parents et quand je serais grand je prendrais la direction de notre bien, je laisserais reposer mes parents."

(extrait du cahier d'écolier de Maurice Gabriel Bach, année scolaire 1904-1905)



Maurice Gabriel Bach est né le 21 juillet 1892 à Laussédat (commune de Verfeil-sur-Seye,Tarn et Garonne), dans le sud ouest du rouergue. Il a grandit dans la ferme familiale perchée au sommet d'une colline. A cette époque, les versants exposés sud sont couverts de vigne. On élève quelques vaches, on cultive le blé, le cochon et la basse-court servent à l'autosubsistance.
Le petit Maurice se rend à pied à l'école de Verfeil (environ 2,5 km). Les élèves -à tour de rôle- allument le poele qui chauffe la classe et soignent les lapins du maitre à la récréation. Au début de la classe, debouts en rang, ils récitent les tables de multiplication.
Son livre de classe est le célèbre "le tour de France par deux enfants" de G.Bruno, souvent cité pour son patriotisme exacerbé (cf. chapitre 1870), qui est à la fois un livre de lecture, d'histoire, de technologie, de sciences naturelles et de morale.
les instituteurs sont les "hussards de la République" : avec les savoirs de base en lecture, écriture et mathématiques, sont aussi inculqués les valeurs de fraternité, d'égalité, d'honêteté, du devoir, du progrès scientifique, de l'instruction, de la bientraitance des animaux domestiques, de la lutte contre l'alcoolisme, etc.
A douze ans, Maurice passe son certificat d'étude (fin de la scolarité obligatoire). Il se souvenait encore de la question orale de géographie : dessiner le Rhône et les régions traversées. Après cette éducation de base, il travaillera dans la ferme familiale de Laussédat.
Avec le nouveau siècle, l'électricité fait son apparition à Verfeil. Le 18 juin 1911, le conseil municipal de Verfeil verse à M.Cadilhac la somme de 4200fr, lequel prend à sa charge tous les travaux et fournira à la ville 12 lampes électriques destinées à l'éclairage public pendant une durée de 30 ans sans que la commune ait pendant cette durée aucune charge. L'énergie necessaire est fournie par la force hydraulique du moulin de la tour. Ce travail de production électrique, considéré comme indispensable pour le maintien de la vie économique, vaudra à Jean Cadilhac de ne pas être incorporé pendant la Grande Guerre. (source : biographie des Cadilhac par M.Granier).
A 21 ans, Maurice part au service militaire pour 3 ans. Sa mère, chagrinée et inquiète, s'en alla faire un pelerinage à Lourdes pour ne pas le voir partir.

G.Bruno

cahier d'écolier de Maurice Gabriel Bach 1904 "Verfeil.
La commune de Verfeil est à l'est du département du Tarn-et-Garonne. Elle fait parti du canton de Saint-Antonin. (...) Elle est peuplée de 924 habitants. Avant la création du département par Napoléon en 1806, Verfeil faisait parti du district de Villefranche (Aveyron).
Le pays est couvert de côteaux, mais ces côteaux ajoutent à sa beauté, car ils sont cultivés ou couronnés de bois. Le terrain est argilo-calcaire en général et il produit toutes les céréales. La vigne est bien reconstituée sur plant américain et l'année 1904 a été très productive. Le vin est de bonne qualité. (...)
Le village s'élève sur un côteau, ce qui le rend très riant. L'agglomération est de 400 habitants environ. (...) Autrefois Verfeil était une grande ville. C'était une bastide. (...) Les maisons ont été restaurées, et la halle aux grains a été reconstruite en 1883. Nous avons un bureau de poste avec un télégraphe. Nous avons aussi une gendarmerie à cheval. Dans le village, nous avons des bornes-fonaines depuis 1895.
Nous avons des foires tous les mois, elles sont très fréquentées et il s'y fait beaucoup de commerce."

(extrait du cahier d'écolier de Maurice Gabriel Bach, année scolaire 1904-1905)



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