le petit chasseur de Verfeil
"(...) Merci aussi de votre agréable compagnie que nous avons eu pendant notre voyage.
Nous pensons souvent au petit chasseur de Verfeil tout en faisant marcher notre aiguille."
Marguerite 28 août
<-- carte ci-contre :
"voila notre tenue d'exercice"
Maurice Bach, photographie sans date.
(au centre, rang du haut) La large ceinture et le pantalon blanc sont caractéristiques des chasseurs alpins.
La loi du 19 juillet 1913 a porté le Service militaire à 3 ans (il était à 2 ans depuis 1905). La quasi totalité des paysans sont versés dans l'infanterie, ce sont les biffins "de base".
A cette époque, l'incorporation se fait dans les régiments de la région (donc ici le 11eme R.I de Montauban ou le 15eme R.I d'Albi). C'est pour cela que l'on entend parler au début de la guerre des régiments de méridionaux, de bretons, etc. Nul ne se souvient pourquoi Maurice Bach déroge à la règle et part rejoindre les bataillons de chasseurs. Sur son Registre Matricule, dans la colonne "corps d'affectation, la mention 11eme R.I est barrée et remplacée par 13eme BACP.
Il est incorporé le 09 octobre 1913 au 13eme BACP (Bataillon Alpin de Chasseurs à Pied) basé à Chambéry, puis sera détaché au 6eme GCC (Groupe de Chasseurs Cyclistes, cf. le chapitre la guerre à bicyclette). Après l'extermination du 6eme GCC, il sera versé aux 6eme puis 120eme BCP.
Les chasseurs forment un corps d'armée bien particulier et qui cultive ses particularismes : ils forment des bataillons indépendants, pas des régiments, et à la place de l'uniforme bleu et rouge ils s'habillent en bleu foncé. Un cor de chasse orne leurs gigantesques bérets et les pattes de la capote. Sur le casque Adrian, la grenade enflammée de l'infanterie est remplacée par un cor de chasse.
Les "diables bleus" sont des corps d'élites, qui se retrouvent en première ligne sur tous les fronts, sur qui l'on compte pour "retourner" une situation mal engagée.
Admirés, mais de loin... Etre muté dans les chasseurs peut être synonyme d'une sanction disciplinaire : "au poste de secours, il rencontra notre colonel Poujal qui lui dit brutalement : Ah! Vous êtes blessé, vous avez de la chance, vous alliez partir pour un bataillon de chasseur à pied. C'était pour lui apprendre à punir des hommes qui avaient manqué un appel pour être allés à la messe de Pâques, à avoir eu l'audace inouïe de fêter le 1er mai et à vouloir trop ménager de vies humaines" les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 14-18 - Louis Barthas, p.125
Lorsque la guerre éclate, Maurice Bach a déjà passé 9 mois d'entrainement chez les chasseurs. Il a notamment appris l'escrime (la baïonnette est alors fort à la mode!) et fait les exercices d'embarquement (le déplacement des troupes se fait surtout en train, et on emploie le terme "embarquement"). Début aout 1914, c'est un soldat prêt à être envoyé sur le front.
