DEMOBILISATION


carte d'Allemagne





"Voilà que nous marchons presque tous les jours maintenant. Je suis à une vingtaine de kilomètres de la frontière de la Bavière, du côté de Sarrebrück."
Maurice Bach, Lemberg - 24 novembre 1918

"Depuis quelques temps je n'ai pas trop le temps d'écrire car on nous a fait marcher depuis que je suis de nouveau rentré à la compagnie. Ici nous avons trouvé du changement car nous n'avons plus besoin de nous cacher comme nous le faisions avant."
Albert Rossignol, 01 décembre 1918

les chasseurs en Allemagne

Le 17 novembre, les chasseurs du 120e BCP quittent Bauzemont et passent la frontière à Réchicourt. Dès qu'ils sont sur le sol d'Alsace-Lorraine, le chef de bataillon fait sonner la Marseillaise et rend homage aux chasseurs tués pendant la guerre. Puis la troupe reprend la route. A Bisping, le conseil municipal a préparé des cérémonies pour accueillir les chasseurs qui sont les premières troupes françaises à entrer dans ce petit village de Moselle. Ils sont acclamés; ce sont les vainqueurs et les libérateurs.
La troupe continue sa route et passe en Allemagne : Lemberg, Homburg, Kaiserslautern puis Marnheim où les chasseurs stationnent du 07 au 24 décembre. Le 120e est chargé de maintenir l'ordre dans ce secteur. Le couvre-feu est instauré.
Les chasseurs avaient une façon simple de le faire respecter : lorsqu'ils repéraient une lumière allumée dans une maison, ils tiraient dessus au fusil à travers la fenêtre... du coup, toutes les autres s'éteignaient immédiatement!
En Alsace-Lorraine les troupes françaises sont acclamées, l'ambiance est tout autre ici : les allemands n'aiment pas les soldats français et ces derniers veulent leur montrer qu'ils sont bien les vainqueurs de la guerre. Dans les bars, les chasseurs se font servir... et partent parfois sans payer! Une fois, le bistrotier a demandé le paiement des consommations : les chasseurs ont refusé... et tous les clients allemands se sont levés d'un bloc. Les soldats ont dû sortir à reculons en les menaçant du fusil.
trajet 120e BCP après le 11 novembre



"Voilà six jours que nous marchons pour aller, je pense, à Metz"
Maurice Bach, Winnweiller-29 décembre 1918

"Nous allons défiler à Metz, je ne suis plus en Prusse. Je suis passé à Sarreguemines, à Sarrebrück, à St Avold et ces jours-ci à Metz."
Maurice Bach, Metz-04 janvier 1919




en attendant la démobilisation...

Le 24 décembre, les chasseurs reprennent la route : retour en France, le 120e BCP va cantonner à Metz. Ils défilent le 07 janvier 1919 à Metz : le drapeau du 120e y gagne une fourragère, et le maréchal Pétain octroie 400 francs au bataillon! Ce pécule sera distribué plus tard par le chef de bataillon aux chasseurs "les plus méritants".

Le 27 janvier, la troupe part cantonner un peu plus au nord, à Hagondange. C'est la vie de caserne, les corvées, les tours de garde... Le J.M.O. indique "une séance récréative offerte par la municipalité", ou encore "une conférence de l'abbé Poncheville sur les héros de Verdun". Les soldats servent aussi en France au maintien de l'ordre : on craint les grèves et les mouvements socialistes.
"Depuis deux jours je ne suis plus à Metz, je suis à quinze kilomètres de Metz. Ici, il y a assez d'usines. (...) Il se dit qu'il y a quelques petites grêves, parmi le nombre, il y a des bolchevismes (sic). On les tiendra en respect s'il y avait besoin." Maurice Bach, Hagondange-29 janvier 1919.

Le 27 février, les chasseurs partent cantonner à Sarreguemines. La vie de caserne n'en finit pas. Ici aussi on craint les troubles : le 01 mai, "le bataillon est consigné au quartier et doit se tenir prêt à prendre les armes à la première alerte" (JMO).

"Je suis toujours ici, mais dès le 15 nous allons dans d'autres bataillons, pourvu qu'il n'y ai pas contrordre. Maintenant je n'ai pas bien de temps à faire le soldat. Fin mai je compte être libéré." Maurice bach, Sarreguemines-10 avril 1919.
Maurice quittera le 120e BCP le 02 mai. Placé en sursis jusqu'au 30 juin, après un détour par le dépôt et son certificat de bonne conduite en poche, il rejoint enfin la ferme familiale de Verfeil début juillet.

Maurice vient de passer 5 ans et 9 mois sous les drapeaux.




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